Corliande

Auto édition

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14 novembre 2014

Rémi Fraisse et la "violence sacrificielle"


 

    Un matin comme un autre sur France Inter. Augustin Trapenard commence son émission par son petit édito quotidien. Aujourd’hui, il évoque le décès de Rémi Fraisse, et invoque René Girard, anthropologue, auteur de « La violence et le sacré ». Selon le journaliste, ce mort anonyme, cet innocent « sans grand engagement » (Pourquoi sans grand engagement ? Parce qu’il était pacifiste ?) n’aurait été qu’un témoin transformé en « martyr et en saint ». Passons sur l’emploi de ce langage religieux n’ayant d’autre but, conscient ou pas, que de réduire la révolte suscitée par ce drame à des lamentations de fidèles plus ou moins arriérés. En fait, il va beaucoup plus loin. S’appuyant sur les travaux du chercheur cité plus haut, il voit en ce jeune homme une victime sacrificielle, le bouc émissaire nécessaire à toute société, détournant sa violence vers un seul individu, lequel servira ainsi à ramener la paix autour de son cadavre. Dès lors, comme il le dit lui-même, « Est-ce bien important de savoir qui a lancé la grenade ? Ne vaut-il pas mieux assumer notre violence archétypale et sacrificielle ? » Il termine en ajoutant que « C’est bien plus dérangeant, mais au moins, qu’on aille de l’avant ! »
 
Zone humide du Testet
       Mais pour qui est-ce dérangeant ? Pour nous tous, bien sûr. Nous qui sommes si violents, sans le savoir et apparemment sans « l’assumer ». Ce n’est certainement pas dérangeant pour les autorités, lesquelles se voient tout à coup dédouanées par ces considérations « savantes » et se voulant au-dessus de la mêlée. Car il s’agit bien ici de violence d’État. L’oublier purement et simplement, la confondre avec celle, pulsionnelle, que tout individu porte en lui, est une supercherie. Lui attribuer un sens mythique est un moyen particulièrement insidieux, parce que se réclamant d’une pensée dite intelligente, de le décharger de toute responsabilité. Quant à « aller de l’avant » ! Belle avancée en effet que de nous ramener sans cesse à notre passé religieux, et à ce qu’il y a de plus primitif en nous pour nous éviter de réfléchir à ce que doit être toute organisation sociale, notamment pour ce qui touche à l’insurrection et à la répression qui y répond. 

      Mais son invité, l’écrivain Aurélien Bellanger, récemment couronné par le prix de Flore, n’a pas démérité. Interrogé sur cet évènement, en relation avec le sujet de son livre « L’aménagement du territoire », il nous a livré une analyse extraordinaire. Tout d’abord il s’est dit étonné que le drame ait eu lieu à cet endroit, et non à « Notre-Dame-des-Landes ». Car il ne s’agit, au Testet, que de petits travaux pour un barrage, « même pas pour fournir de l’électricité ! » (On sait la peur irrationnelle que celle-ci a pu provoquer et provoque encore probablement chez certains). Rien de tel ici, sinon « la prise en compte d’enjeux de défense d’espèces complètement inconnues, de batraciens... On n’est pas face à un énorme chantier terrifiant, avec plein de grues et des hectolitres de béton ! » Ce simple énoncé contient une telle méconnaissance de l’importance de la biodiversité, et un tel mépris pour ceux qui la protègent qu’il laisse pantois. Si l’on peut supposer que ces espèces ne sont pas totalement inconnues pour ceux qui les étudient, qu’elles le soient pour lui ne fait aucun doute. Passons, là aussi, sur son manque d’intérêt pour elles, comme pour ces batraciens qui ne valent sans doute pas que l’on s’y attarde. Mais parler d’un « chantier terrifiant avec plein de grues » en dit long quant au regard qu’il porte sur les zadistes, soupçonnés d’être de pauvres passéistes superstitieux, en proie à des frayeurs enfantines. « Ces nouveaux, euh… ces mouvements décroissants qui ont quelque chose un peu très premiers chrétiens dans le fanatisme et dans l’intransigeance morale, dans l’approche morale de refus de la technique, mais qui dit que la technique est mauvaise intrinsèquement. »… Tout est dit en effet. On pourrait bien sûr lui rétorquer qu’il y a toutes sortes de techniques et que les plus avancées d’entre elles ne sont pas forcément celles que l’on croit. Mais ne soyons pas trop sévère. Peut-être tente-t-il finalement de se rattraper en refusant de prendre réellement parti, parce qu’il est fasciné par ce progrès tant décrié et a « peur de sa propre bêtise ». Et laissons-lui donc la paternité de cette conclusion.

 

6 novembre 2014

Miel !

Nouvelle récolte pour Véronique Renko, de l'association Mookamiel, donc nouvelles étiquettes :

Miel de Véronique Renko