Corliande

Auto édition

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12 novembre 2017

Le livre de baltos (35)

         Après voir tant lu au sujet de l'île de Béryl, les corliandais ont enfin l'occasion de la visiter et de nous la décrire. Voici le dernier texte qui devrait figurer dans le recueil du "Livre de Baltos", intitulé "chroniques océanes". Il en sera d'ailleurs la conclusion.
Un palais de lumière

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14 août 2017

Le livre de Baltos (34)

          Le second extrait du "Journal de bord d'Anissan Rubyn" est à présent terminé. Il ne me restera plus qu'un texte à écrire pour clore le quatrième recueil du Livre de Baltos intitulé "Les chroniques océanes". Le récit présenté ici sera lisible et téléchargeable en entier durant une dizaine de jours. Puis je n'en laisserai que les premières pages.

Le journal de bord d'Anissan Rubyn
Second extrait

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10 août 2017

Corliande en version Kobo

     J'y songeais depuis un moment, c'est à présent chose faite. Corliande est disponible en livre numérique sur la plateforme Kobo, ainsi que sur le site de la Fnac. Le prix de vente pour chaque titre est de 2€99, soit 8€97 pour la trilogie complète. On peut la lire sur la liseuse adaptée, bien sûr, mais aussi sur une tablette ou même un écran d'ordinateur. Il suffit pour cela d'avoir un compte Fnac et de télécharger l'application Kobo. 

Pour y accéder via le site Fnac.com, c'est par ici

et par là pour la plateforme Kobo.

7 août 2017

Texte toujours en cours d'écriture



       Suite du "Journal de bord, extrait N° 2", où nous retrouvons le capitaine Anissan Rubyn en route vers l'Île de Béryl.


Le 5 mars 1579

            Deux événements m’ont empêché de poursuivre la rédaction de mon journal ces derniers jours. Quelques rafales et les prémisses d’une tempête m’ont contraint de modifier mon itinéraire, ce qui a laissé le champ libre à un nouveau bateau pirate pour mettre le cap sur Béryl, en passant par le sud et le détroit de l’île de Saphir. Nous nous sommes rencontrés il y a deux jours et avons dû livrer bataille une fois de plus. Je suis fatigué de ces combats sans fin, moi qui suis par nature un pacifiste convaincu. Mais si j’ai quelque espoir de sauver ce qui reste des elfes aquatiques, je ne puis les abandonner à ces mercenaires sans pitié. Je suis parvenu à mettre en fuite ces derniers, après en avoir tué une douzaine. Je m’empresse de dire que je ne tire aucune fierté de telles victoires. J’ai depuis longtemps cessé de compter les morts provoquées par l’insupportable avidité de ces hommes des terres du nord qui voudraient partout imposer leur loi. Mais je n’en suis pas devenu indifférent pour autant. Si je parviens au but, et deviens gouverneur de l’île rouge comme je l’ai promis, je ferai mon possible pour que règne enfin la paix sur l’archipel d’opale. Je voudrais que mon île devienne un modèle pour toute cette région équatoriale, si dramatiquement belle et convoitée. Certes, combattre l’empire éturbe n’est point à ma portée. Mais j’ai bien l’intention d’utiliser tous les moyens dont je dispose, y compris si nécessaire la magie de Lionna, pour les empêcher de nuire.

Le 6 mars 1579

            J’ai enfin trouvé un peu de temps pour écrire. Un typhon est survenu dans la soirée d’hier, qui nous a retenus sur le pont une bonne partie de la nuit. J’en ai connu de plus violents. Néanmoins, nous avons dû nous arimer solidement pour ne pas être emportés. Puis, dès l’apogée de la tempête, il nous a fallu écoper avant de rejoindre nos couches, épuisés de fatigue et transis de froid. Ce matin, nous avons constaté que deux voiles avaient été déchirées, et que le mât d’artimon est en partie brisé. À ceci s’ajoutent quelques dommages plus anodins. Dans l’ensemble, nous n’avons pas à déplorer de trop grands dégâts. À présent, le calme est revenu, dominé par un soleil radieux. Jamais je ne cesserai de m’émerveiller devant les caprices du climat, et de me sentir humble face aux éléments lorsqu’ils se déchaînent, puis s’apaisent aussi rapidement. Nous pesons si peu face à la grandeur et l’imprévisible violence de l’océan ! Mais trêve de banalités. Nous sommes actuellement à 12,9% latitude nord, et 161,3% longitude est. Bientôt nous allons nous trouver au cœur de l’anneau de brume, situation toujours quelque peu éprouvante pour les nerfs. Cependant, dans cette zone autrefois interdite, en principe, la mer est d’huile. Cet étrange brouet qui la recouvre paraît repousser toute autre manifestation atmosphérique. L’avancée est donc lente et pénible, mais sans remous. Une fois arrivés sur l’île de Béryl, nous aurons le temps de réparer ces avaries avant que de repartir.

Le 8 mars 1579

            Nous voici baignant dans cette brume si épaisse qu’elle masque tout horizon durant des heures. Seules les vergues les plus basses sont encore visibles. Le poste de vigie a complètement disparu. Pour ma part, tant habitué à cet étrange phénomène, je reste serein. Je préfère de loin la compagnie de mon journal à celle de mes hommes, je le confesse. La plupart n’ont jamais traversé ce lieu, et je sens s’installer en eux un mélange de tension et de découragement. Je me suis évertué à leur expliquer qu’il n’y avait là rien d’alarmant, et qu’il suffisait de se laisser porter. Cependant, je sais combien difficile est, pour un jeune marin, d’accepter de lâcher prise. Le besoin de tout contrôler est nécessaire à la survie en règle générale, mais il peut être aussi une entrave au bon déroulement de cette perpétuelle confrontation avec les éléments. Cela semble paradoxal mais nous devons aussi apprendre à nous en remettre à la destinée dans bien des situations. Vollya a donc pris la relève, et la confiance qu’il a su inspirer d’emblée à l’équipage m’a permis de descendre dans ma cabine pour me consacrer à l’écriture.
           
            À quelle force occulte devons-nous ce bouclier nébuleux entourant les îles centrales de l’archipel d’Opale ? Je ne sais si nous aurons un jour la réponse. Le fait qu’autour de l’anneau, loin au-dessus sans doute, et avant comme après lui, le ciel est sans nuage, rend cet endroit fort insolite, je l’avoue. Autre chose, la température y est déconcertante. Le brouillard est souvent synonyme d’humidité, donc de fraîcheur. Or ici l’air est tiède, presque chaud, et surtout très sec. On y a bien plus la sensation d’une fumée refroidie, en quelque sorte, que de gouttelettes d’eau en suspension. Le cœur de cet archipel, dont nous ignorons tout, pourrait bien dissimuler un volcan. Peut-être y trouvera-t-on l’explication scientifique de cette énigme. Il est malgré tout difficile de croire que la nature est seule responsable de cette fantaisie climatique. Aussi je ne blâmerai pas mes hommes, ni ne les soupçonnerai de lâcheté. Je n’oublie pas non plus que lors de ma première traversée, sur une sorte de radeau de fortune il est vrai, je me croyais déjà mort, en route vers l’au-delà. Mais dans quelques heures, le ciel s’éclaircira, comme par magie. L’île de Béryl jaillira dans toute sa splendeur, scintillante à l’instar des vagues sous le soleil, telle une féerique apparition. Ils seront tous émerveillés alors, comme le sont en général ceux qui l’abordent ainsi, et ne regretteront certainement pas d’avoir un peu souffert pour l’atteindre, déjà récompensés par cette simple vision.

Le 10 mars 1579

            Gagné sans doute quelque peu, bien malgré moi, par l’angoisse qui perturbait l’équipage, j’ai dû cesser d’écrire il y a deux jours pour remonter sur le pont où nul ne tenait en place. Une bagarre a même éclaté entre deux matelots, pour un prétexte anodin, heureusement vite maîtrisée. L’inaction est, pour certains, plus dure à supporter qu’une bonne empoignade, dont le seul but est de fatiguer le corps afin d’annihiler la pensée. Mais tout est rentré dans l’ordre à présent. Je n’ai aucune certitude, mais il me semble que depuis mes premières traversées de l’anneau de brume, il y a plusieurs années, celui-ci s’est un peu aminci. Le parcourir prend moins de temps, alors que la vitesse du navire est sensiblement la même. Peut-être viendra-t-il à disparaître, un jour lointain ? Quoi qu’il en soit, cet épisode est derrière nous, car nous avons bien débarqué dans l’île. Certains sont encore occupés aux dernières réparations. Les autres savourent la pureté de l’air et l’éblouissante beauté du paysage, auquel selon moi, nul autre ne saurait être comparé. La plupart des hommes de l’équipage vont séjourner ici, fortement armés en cas d’invasion. Mon bateau accueillera alors à son bord tout ce qui demeure des habitants de béryl, et nous ferons cap sur l’île des dragons.

A suivre

29 juillet 2017

Nouveau texte à venir

Voici le début d'un nouveau texte à venir. Il s'agit du second extrait du Journal de bord d'Anissan Rubyn, lequel figurera, bien sûr, dans Le livre de Baltos. Bonne lecture !


Journal de bord d’Anissan Rubyn

(Second extrait)





    Le 2 mars 1579

    Aujourd’hui je reprends la mer. Quels mots trouverais-je pour dire l’émotion qui m’étreint à l’écriture de cette simple phrase ? Comment exprimer cette joie de me retrouver enfin dans mon élément après plus de six mois à terre ? J’ai presque honte à le confesser. Car au fond je ne devrais guère m’en réjouir. La lourde tâche que je m’étais imposée il y a plusieurs années n’a pas changé, à ceci près que les obstacles sur ma route n’ont cessé de croître. L’ennemi est de plus en plus fort, tandis que mes chers bérylliens sont déjà presque en voie de disparition, tant les pertes dans leurs rangs ont été grandes. Je ne m’en voudrai jamais assez de la catastrophe provoquée par ma maladresse, mais gémir sur moi-même ne servira pas ma cause, je le sais.
   
    Nous avons quitté le port de Rutile à neuf heures vingt trois et voguons tranquillement par 14,8% latitude nord et 159,2% longitude est. Le temps s’annonçant plutôt calme, j’ai laissé la barre à mon second Vollya en parfaite confiance pour commencer la rédaction de mon tout nouveau journal à bord du Cobalt II.
    Presque deux ans se sont écoulés depuis l'abordage dont je fus victime au cours duquel sombra mon navire, emportant avec lui toutes mes notes. D’autres pertes autrement plus graves, bien sûr, furent à déplorer. Durant le temps que je dus rester sur l’île rouge, j’ai écrit plusieurs textes, dont l’un racontait par le menu cette ultime bataille qui m’opposa au terrible Pirrorg. Elle eut lieu après de longs mois de courses, de fuites et de poursuites, émaillées de combats irrésolus, sans vainqueur, comme s’il fallait toujours remettre à plus tard l’issue définitive de cet interminable duel. Mon histoire avec ce célèbre pirate, qui écumait l’archipel d’Opale sous pavillon éturbe, est d’ailleurs connue désormais. Je ne reviendrai donc pas en détail sur cet épisode épique et désastreux, qui provoqua le naufrage de mon premier Cobalt, la mort de plusieurs de mes hommes et la trahison forcée de ceux qui restaient. Qu’il me suffise de noter ici qu’après m’avoir fait prisonnier, mes assaillants firent couler mon bateau sous mes yeux, sachant bien ce que cette vision avait de douloureux pour moi ; et qu’une fois de plus, c’est à Lionna que je dus de rester en vie. Cette mystérieuse chaîne invisible qui nous relie l’avait avertie de ma mésaventure et elle n’hésita pas à lancer toute sa flotte à la poursuite du vaisseau ennemi pour me délivrer. Je séjournai quelque temps dans son domaine, puis elle me ramena sur l’île rouge. Là, je fus fêté d’une façon qui me surprit infiniment. Certes, j’étais en vie, tandis que pour la deuxième fois dans mon existence, on m’avait cru perdu. Mais surtout, Pirrorg le sanguinaire, que l’on disait invincible, avait été défait et remis aux autorités, ce qui constituait une sorte d’exploit. Il fut jugé par la suite pour tant de crimes qu’il finira sa vie derrière les barreaux, car je me suis opposé à son exécution. Déjà très respecté, je devins donc un héros malgré toutes mes protestations. J’avais beau claironner à qui voulait l’entendre que Lionna la grande était autant que moi sortie triomphante de ce combat titanesque, je ne pus échapper au destin qui semblait devoir être le mien. On me sollicita pour devenir gouverneur de l’île. Je répondis à cette proposition que, bien que fort honoré, je ne pouvais l’accepter tant que ma mission n’avait été remplie. Je désignai néanmoins parmi mes amis un homme de valeur, du nom de Tiélenn, à qui je confiai le soin de me représenter provisoirement, lorsque je serai en mer. Car je devais à tout prix me trouver un autre navire ainsi qu’un nouvel équipage. Les bérylliens avaient encore besoin de moi, bien plus que mes nouveaux concitoyens.

    N’ayant pu me procurer un bâtiment à ma convenance, je dus en faire construire un, ce qui prit plus d’un an. Mais recruter des hommes fut encore plus ardu. Beaucoup, pensant que je m’acharnais à défendre une cause perdue, hésitaient désormais à risquer leur vie pour me suivre. Pendant que Vollya, compagnon de longue date et futur second, se mettait en quête des quelques marins plus téméraires qui manquaient encore, tout en surveillant l’achèvement du Cobalt II, je filai vers Béryl, à bord du vaisseau de l’île d’Améthyste qui m’avait reconduit chez moi, avec la bénédiction de ma bien aimée. Je défendis l’île contre deux nouvelles attaques. Les flibustiers à la solde des éturbes ne désarmaient pas. C’est alors que j’eus une conversation avec les bérylliens. Ils s'étaient tous réunis un soir, face à moi, en un triste conciliabule. Les voir ainsi affaiblis, si peu nombreux et se sentant hélas toujours aussi menacés, me rendit plus flagrante et plus amère, s'il était possible, mon incapacité à les protéger. Mais je pouvais peut-être agir encore pour leur sauvegarde. Évoquant un certain événement extraordinaire, prévu par eux depuis longtemps, et qui devait se produire à une date proche, ils me firent une demande assez surprenante, laquelle fut à l’origine du voyage que je viens d’entreprendre. Ce voyage, plus encore que tous ceux qu’il me fut donné d’accomplir jusqu’ici, me mène tout droit vers l’inconnu. Je ne sais quelle en sera l’issue, car mes amis aux larmes d’aigue-marine sont restés fort mystérieux quant à leur véritable but. Ils disent qu’en me révélant leurs intentions, ils craignaient d’essuyer de ma part un refus. Je les assurai pourtant de ma collaboration et de ma parfaite bonne foi. Qu’aurais-je pu leur refuser, moi qui me sentais coupable à jamais devant eux ? Me voici donc en chemin vers l’île de Béryl, d’où je repartirai bientôt, si tout se passe comme prévu, vers une tout autre destination.
 

à suivre

19 juillet 2017

Extrait de texte (2)

          Mais, comment sont fabriqués les costumes de plumes des corliandais ? A cette question cruciale, voici un début d'éclaircissement. Extrait du futur "Livre de Baltos" :

       "...Venons-en à la fabrication elle-même, car je vous sens impatients d’en connaître enfin les arcanes. Sachez que de nos anciennes croyances, nous avons retenu l’importance primordiale de l’œuf. Celui-ci est d’ailleurs partout symboliquement présent, notamment dans les décorations enjolivant nos manuscrits et nos murs. Or, selon cet adage bien de chez nous, qui dit « œufs » dit « ailes », et vous le savez peut-être, les oiseaux peuplant la forêt entourant le village, tout comme ceux qui visitent nos jardins, sont nos amis de toujours. Parmi ces différentes espèces, il en est une d’assez grande envergure dont le plumage se renouvelle deux fois l’an. Il s’agit des corolans, grands types de picidés multicolores qui nichent aux sommets des arbres les plus hauts. Leur livrée remarquable mêle des couleurs plutôt froides, allant du violet profond au bleu pâle, aux tons les plus chauds, comme le rouge flamboyant ou carmin et le jaune d’or, sans oublier le vert menthe ou le brun caramel ; tout cela sans aucune faute de goût, avec une science de la nuance et de la subtilité que bien des peintres pourraient leur envier. Rien d’étonnant à ce que nous désirions nous en inspirer. Ce qui vous surprendra peut-être, en revanche, c’est d’apprendre que ces pics chamarrés nous sont familiers et serviables au point de recueillir une à une toutes les plumes tombées durant la mue pour nous les offrir. C’est ainsi par milliers que nous sont apportées, chaque printemps et chaque automne, ces fragiles et merveilleuses parures. Aux abords de la clairière en effet, ils sont presque aussi nombreux que les mésanges et les roitelets. Si vous pouviez voir l’incessant ballet que font ces oiseaux imposants mais passablement dégarnis, tenant dans leurs becs ou entre leurs pattes cette singulière offrande ! Je vous assure que c’est un spectacle étonnant. En échange, nous leur faisons don des graines de lin et d’orge cultivées dans nos champs. Ils en raffolent plus que des insectes. La récolte étant faite, nous la trions soigneusement puis l’entreposons à l’abri du vent et de la lumière, car privées de vie les plumes risqueraient de s’affadir et même de se décolorer, dans un grand bâtiment au centre du bourg appelé le Plumoir. Toutes y sont répertoriées, classées selon leurs tailles et leurs teintes et consignées dans un registre scrupuleusement tenu à jour. Plusieurs administrateurs se partagent la tâche fastidieuse de noter les entrées et sorties, et de fournir à chacun selon ses besoins. Mais posséder ces plumes, même en si grand nombre, ne suffit évidemment pas. Pour les convertir en vêtements, nous avons l’eglerette, genre de gallinacé qui vient volontiers picorer dans nos cours, plantations et jardins. Ce charmant volatile, un peu l’équivalent de vos poules mais en plus sauvage, l’élevage quel qu’il soit étant inconcevable ici, est vivement encouragé à s’installer dans nos granges. Or il a la particularité de pondre beaucoup plus d’œufs qu’il ne peut en éclore. Ainsi, lorsque deux poussins en brisent la coquille, ce n’est pas moins de huit qui ne s’ouvriront pas. Ils sont d’ailleurs repérables à leur absence de couleur, à l’inverse des autres qui se présentent d’un beau gris moucheté. Les mères ne s’y trompent évidemment pas et se refusent obstinément à les couver. C’est alors que nous intervenons pour les récupérer et en débarrasser les nids. Mais tandis que vous, vous les utiliseriez probablement à des fins culinaires, nous leur destinons un tout autre usage. Je ne vous dirais pas s’ils sont savoureux en omelette, n’ayant pas eu l’occasion ni même la moindre envie de les goûter. Mais je puis vous certifier qu’ils ont pour ce qui nous concerne des vertus tout simplement magiques. Une certaine quantité de ces œufs, cassés puis énergiquement battus dans un récipient pendant dix minutes, ajoutés à quelques poignées de farine de seigle, une louche de pulpe de pommes de terre et une décoction de trois fleurs, pimprenelle, bardane et petite centaurée, formeront une sorte de pâte gluante et très élastique. Un autre ingrédient est indispensable à la recette, mais je n’en dirai rien, de même que je resterai vague sur les proportions, en réalité beaucoup plus précises. Je ne tiens pas à trop vous révéler d’un secret unique et ancestral. Sachez toutefois qu’il est recommandé d’y verser quelques gouttes d’extraits de plantes parfumées, tels que des pétales d’églantine ou de chèvrefeuille, ou encore de lavande, car je vous l’avoue, sans être nauséabonde, l’odeur n’est pas des plus attirantes. Cette pâte devra reposer une nuit entière, au terme de laquelle celui ou celle qui veut « changer de peau » pourra s’enduire entièrement le corps de la solution ainsi obtenue. Puis il invitera ses parents et amis à venir l’assister dans une entreprise délicate : disposer toutes les plumes préalablement choisies dans l’ordre voulu, longuement élaboré les jours précédents. Après les avoir elles-mêmes trempées dans ce brouet, il faut vite les piquer en rangs serrés, en commençant par les chevilles pour remonter jusqu’aux épaules, et ne laisser aucun espace à découvert. Pour finir, il convient de badigeonner l’ensemble avec le reste de la mixture. On appelle toute cette opération l’emplumage. Mais celle-ci étant achevée, le jeune corliandais devra encore faire preuve de patience. Car il restera de longues heures durant couvert des pieds jusqu’au cou d’une matière désagréablement visqueuse. Le mieux pour lui, en principe, est de s’étendre au soleil, en ayant bien soin de changer régulièrement de côté. Mais généralement, ainsi affublé de cet étrange accoutrement — car les plumes agglutinées, imbibées et noircies d’humidité, ne donnent qu’une piètre idée de ce que sera son costume — il préfèrera se montrer discret, étant systématiquement sujet de moquerie de la part de tous ceux qui sont pourtant déjà passés par-là, ou ne tarderont pas à le faire..."

1 juillet 2017

Le livre de Baltos (33)

         Voici un nouveau texte pour "Le livre de Baltos". Celui-ci ouvrira le recueil intitulé "Contes et récits des régions du nord". L'action se situe dans l'empire éturbe et conte le récit d'un des personnages qui, au sommet du pouvoir, ont marqué de leur empreinte la terrible histoire de cette nation guerrière et hégémonique. 


Sorguère IX, dit "Le couard"

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24 juin 2017

Extrait de texte (1)

Petit extrait du texte "Les sentinelles" qui figurera dans "Le livre de Baltos". Sorte de plaidoyer pour les loups, il s'adresse bien sûr aux habitants supposés d'un monde imaginaire, le mien. Mais ils sont encore si malmenés, ici et maintenant, et notamment par l'actuel ministre de l'environnement, qu'il pourrait tout aussi bien nous concerner tous.


« Lorsque le soir ombre toute chose en ce monde, inondant les terres arides et les landes nues, faisant courir des frissons furtifs sur les plaines florissantes, ou noircissant les sombres forêts et les monts glacés aux dents blanches ; lorsque la lune pleine s’imagine reine des cieux, entourée de sa cour d’étoiles dont l’éclat pâlit à mesure qu’elle s’élève, lorsqu’enfin le temps vous abandonne aux multiples doigts crochus de la nuit qui sculptent vos angoisses et vous pétrissent l’âme, nous ne sommes jamais très loin de vous. Tout aussi craintifs, mais bien plus discrets que vous, nous ne pointons guère le bout du museau. Nous préférons vous étudier de loin, suivre vos pas à distance. Nous savons bien que nos cris vous font fuir, tout comme vous effraient nos yeux qui fendent l’obscurité de deux lames de poignard d’un vert luminescent, et nos mâchoires puissantes et meurtrières, à l’instar de ces pièges que vous, ou d’autres que vous, aviez calqués sur elles et tendaient si souvent naguère pour nous nuire. Nous étions alors vos ennemis jurés, et nous le sommes encore pour nombre d’entre vous. Quelle faute originelle avions-nous commise ? Quel coupable méfait faisait peser sur notre race le poids impitoyable de vos haines ? En vain nous interrogerions-nous pour le comprendre. Dans votre vision du monde, à la fois si sommaire et si complexe, modelée tels les méandres d’un cerveau tortueux, mais dominée toujours par la perception simpliste de l’enfance, vous aviez décrété que l’agneau était l’image du bien, et le loup le symbole du mal. Au premier les draps immaculés du Paradis, au second les charbons ardents de l’Enfer. Et cette idée si candide et si fausse, mais si profondément ancrée en vous, ne vous empêchera nullement de faire subir à l’ange un sort identique à celui que lui réserve le démon, preuve que vous n’êtes guère exempts de contradictions..."

5 juin 2017

Le livre de Baltos (32)

       Pour clore le second recueil du "Livre de Baltos", intitulé "Contes et récits des régions du sud", voici un nouveau texte. Celui-ci évoque un couple légendaire de la forêt des sylphes, dont l'histoire fut dite au cours de cette soirée passée chez Zæliane et ses amis.


Yothilde et Cloanne

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7 janvier 2017

Le livre de Baltos (31)

       Ce nouveau texte pour Le livre de Baltos fait suite à celui intitulé : "La mémoire des sylphes". il s'agit du récit annoncé à la fin, raconté par leurs hôtes aux petits corliandais lors d'une veillée. Il traite d'un sujet, la chasse et l'exploitation des animaux, qui me tient beaucoup à cœur. Bonne lecture !


Le géant sous la colline

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