A
quoi cela peut-il bien servir de faire voler un oiseau ? Le faire jaillir
de la page blanche comme d’un ailleurs mystérieux, le travailler pour obtenir,
sinon la ligne parfaite, la plus juste et la plus élégante possible selon
ses capacités, et s’acharner encore et encore, tel un démiurge de papier, à lui
insuffler la vie ? S’émerveiller, malgré tous ces petits défauts auxquels,
à votre grand dam, il semble tenir obstinément, devant cette éternelle magie
que suscite l’animation d’images ? Pourquoi fait-on cela, à l’ère de la
3D ? Je ne saurais le dire. Je doute que cela soit utile en quoi que ce
soit. Cet oiseau virtuel n’aura donc aucune valeur marchande. Il n’existera que
pour lui-même, pour moi qui l’ai fait naître et pour ceux qui lui consacreront
quelques secondes de leur temps. Mais il échappera ainsi aux chasseurs,
spéculateurs et gestionnaires de tous poils. Et surtout, il restera aussi
vivant qu’il peut l’être à sa manière, espèce à jamais protégée de la bêtise et
de la barbarie humaine.
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire