Corliande

Auto édition

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11 avril 2025

Le départ d'Anna Cazan

Anna Cazan nous a quittés le 06 de ce mois, dans sa centième année. 
 
En plus d'être un peintre de talent, elle était ma mère, et son départ me rend infiniment triste.  




J'ai écrit un texte en son hommage. Il a été lu aujourd'hui lors de ses obsèques.
(La référence à Daphnis et Chloé répond à son souhait de diffuser cet extrait du ballet de Maurice Ravel.)
 

Notre petite maman, notre chère Antoinette, le peintre Anna Cazan…

Elle était tout cela, et bien plus.

Mère aimante et amie dévouée, conseillère avisée, inspirante.

Elle était vive, généreuse, volontaire et profondément sensible.

Sensible à la beauté.

Sensible à la souffrance, à celle des humains comme à celle des animaux.


Où est-elle, à présent, si ce n’est dans nos cœurs ?

Peut-être est-elle partie explorer ces espaces infinis qui l’intriguaient tant.

Ceux qui naissaient de sa pensée et se déployaient sous ses doigts :

Des nappes de sable roux plissées de dunes pourpres et dorées ;

des univers marins d’un bleu profond, abritant de vagues édifices engloutis ;

des forêts montrant toutes les gammes de vert, du plus pâle au plus intense,

où les fleurs ressemblent à des gemmes et les insectes à des fleurs ;

des déserts de pierres et de stèles ou se figent des êtres sans visage,

des crevasses d’où jaillissent des embryons de plantes…


La peinture était sa vie, autant que sa famille.

Elle peignait ses révoltes et ses questionnements.

Mais elle peignait aussi l’espoir.

Car si tout a une fin, toute fin annonce un début.

Non pas l’envol d’un phénix renaissant de ses cendres,

mais la venue inespérée d’un univers ou d’une entité nouvelle, prêt à jaillir 

d’une terre que l’on croyait perdue.

Une fleur, un cristal, un œuf, un oiseau.

L’éveil d’une nature maltraitée, mais toujours vivante.

Comme ce lever du jour sur l’île endormie de Daphnis et Chloé.